Je suis sujette à des crises de spasmophilie depuis la fin de l'adolescence, elles sont pour moi la manifestation physique d'une angoisse profonde que je ne peux pas contrôler, une angoisse et un sentiment de solitude contre lesquels je ne peux rien faire, qui sont en moi continuellement mais qui, à certains moments, prennent des proportions démesurées et aboutissent à ces fameuses crises qui sont en réalité des crises d'angoisse. Je ne crois pas à la « spasmophilie » car, me concernant, ces crises sont à chaque fois provoquées par un phénomène de stress. Bref, depuis que je suis partie de chez mes parents, assez jeune, ces crises ont pris l'habitude de survenir au moindre changement, de rythme notamment (si je me couche bien plus tard que d'habitude, par exemple), d'environnement aussi, suite à un stress. Elles surviennent surtout le soir, rarement en journée. Elles m'ont rendue peu à peu quasi insomniaque. Parfois, des mois s'écoulent sans qu'il ne se passe rien, et puis soudain, cela arrive, m'empêche de dormir, me fait avoir des idées très noires tellement je me sens mal, ne passe plus ou moins que par l'activité physique, me transformant – déjà sportive – en une acharnée du sport. Seules l'adrénaline et l'endorphine me calmaient. Voilà ce qu'a été mon quotidien pendant plus de dix ans, vivant avec une inquiétude sous-jacente qui me rendait vulnérable face à des personnes mal intentionnées, exacerbant ma sensibilité déjà très prononcée, m'épuisant mentalement comme physiquement. Et puis arrive ce fameux soir où nous regardons un film avec mon conjoint, un thriller. Je me souviens lui avoir dit qu'il ne fallait peut-être pas que je regarde ce genre de film, craignant de faire des cauchemars ensuite. Mais il m'a rassuré que ce n'était pas violent. En effet. Sauf une scène qui m'a cruellement rappelé un souvenir très douloureux des années passées et qui m'a stressée sur le moment. Une fois le film terminé, je sentais que je n'allais pas pouvoir m'endormir, je sentais cette angoisse monter en moi, se diffuser partout, m'envahir comme un virus. J'ai essayé de me calmer, de relativiser, de me coucher. J'en ai parlé à mon conjoint qui a tout fait pour me rassurer, pour m'aider à mettre des mots sur ce que je ressentais. Ca m'a calmée un petit moment, mais hélas n'a pas suffit. Il était plus de minuit, lui s'est endormi rapidement, moi j'essayais de ne pas laisser de place à l'angoisse. Mais vers deux heures du matin, l'angoisse a cédé aux tremblements, je sentais que je n'arrivais plus à respirer. Les tremblements empiraient donc pour ne pas réveiller Damien, je me suis levée discrètement et suis allée dans le salon. Que faire ? Habituellement, je me changeais les idées en tentant de lire, ou de regarder quelque chose à la télé. Au pire je faisais un peu de sport pour que ça passe. J'ai donc allumé la télé et regardé des choses sans intérêt, mais sans résultat. Pas envie de lire, esprit trop préoccupé. Finalement, je me décide à sortir, m'assois devant la maison, regarde le ciel étoilé. Il fait doux, c'est agréable d'être dehors. Je me sens déjà un peu mieux. Puis j'entends des pas derrière moi, c'est Damien qui s'est réveillé et s'inquiète de ne pas m'avoir trouvé auprès de lui, ni dans la maison. Je rentre et lui explique ce qui m'arrive. Il est déjà 4h du matin et me fait comprendre qu'il est plus que l'heure de dormir. Il a raison. Nous retournons nous coucher, mais les tremblements reprennent de plus belle. J'ai envie de pleurer car je me sens totalement impuissante face à cette angoisse qui ne me quitte pas. Je me dis que j'ai pourtant tout essayé pour que cela s'arrête. Et soudainement, je réalise que ce n'est pas vrai. - « J'ai tout essayé, sauf Dieu ! Je n'ai jamais demandé à Dieu de m'aider ! » me suis-je exclamé. De toutes mes forces, je me suis alors mise à prier Dieu, le suppliant de me libérer de cette angoisse, j'ai dit que je refusais de vivre comme cela, que ce sentiment ne m'appartenait pas et que je ne le voulais plus en moi. Et c'est là qu'il s'est passé quelque chose : j'ai senti comme un contact en haut de ma tête, du côté droit. C'était quelque chose de chaud, comme une main qui ouvrait ma tête pour passer à l'intérieur. Ce n'était pas douloureux, mais extrêmement étrange et sur le coup, j'ai commencé à avoir peur parce que je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Mais au même moment, j'ai senti que je n'avais pas à m'inquiéter, que tout allait bien. Pourtant, je ne contrôlais rien et la sensation que je ressentais en haut du crâne s'est peu à peu diffusée dans toute ma tête et dans tout mon corps, faisant instantanément cesser l'angoisse et les tremblements et me rendant complètement détendue. Je me suis alors sentie très fatiguée, mais je ne voulais surtout pas m'endormir, afin de rester davantage dans cette plénitude. Je ne tins pas longtemps et m'endormis paisiblement dans les minutes qui suivirent. Le lendemain matin, vers 8h30, Damien me dit qu'il pensait que j'allais être très fatiguée aujourd'hui au vu du nombre d'heures que j'avais dormi et surtout de l'état d'anxiété dans lequel j'étais au cours de la nuit. Au contraire, je me levai rapidement, dans une forme exceptionnelle, et m'empressai de lui raconter ce que j'avais ressenti cette nuit-là. Il était justement surpris de m'avoir vu m'endormir si vite après avoir prié donc me crut facilement. Le plus incroyable reste à venir. D'habitude, je suis vraiment très fatiguée les jours qui suivent une telle crise d'angoisse. Or, aucun signe de fatigue ne m'a atteint le lendemain ni le surlendemain de cette fameuse nuit. Et mieux encore : le sentiment d'inquiétude que j'avais suite à un changement quelconque m'a définitivement quittée. Plus aucune angoisse désormais. A la moindre situation qui pourrait créer un stress, je remets tout entre les mains de Dieu et le laisse agir. Je n'ai plus ressenti avec une telle intensité ce sentiment de sérénité et de plénitude que lors de cette nuit-là, mais dorénavant je me sens beaucoup plus sereine, apaisée, confiante, je n'ai plus aucun souci de sommeil. Je suis persuadée que Dieu a répondu à mes prières et m'a libérée de cette angoisse, définitivement. Je lui en suis éternellement reconnaissante car c'est tout mon quotidien et ma façon d'aborder la vie qui s'en retrouvent embellis. Sarah